Messe de la fête Saint-Justin présidée par le père Joachim Negel, Professeur et doyen de la faculté de théologie de l’Université de Fribourg et réside à la cité estudiantine.

Évangile : Jn 17, 20-26

VOILÀ QUELQUES PASSAGES DE L’HOMÉLIE DU PÈRE JOACHIM

Mes chers frères et sœurs,
Il y a des textes de l’Évangile où on ne sait pas par où commencer ; on ne trouve ni début ni fin, car ils sont la variation éternelle d’un même thème. Le petit passage de la prière sacerdotale de Jésus que nous venons d’entendre est un évangile de ce genre : une prière sans fin sur nous et sur notre vie. La manière dont il faut considérer ce texte ressemble à celle dont on utilise un kaléidoscope qu’il faut secouer sans cesse pour que la lumière puisse se réfracter de manière toujours nouvelle et faire apparaître une image différente.
En d’autres termes, pour entrer dans le mouvement de pensée de Jésus qui s’exprime ici, nous devrions tous, nous qui sommes ici, nous réunir et chacun et chacune devrait commencer à parler des amitiés dans lesquelles il ou elle puise sa force. La somme de ces témoignages nous donnerait une idée de ce dont il s’agit ici. Car avec ce petit passage de la prière sacerdotale de Jésus (qui conclut les discours d’adieu dans l’Évangile de Jean), nous entrons directement au cœur de la foi chrétienne…

…Or, voici ce que dit Jésus ici : « Comme toi, cher Père, tu es en moi et moi en toi, comme nous sommes un, que tous soient un, afin que l’amour avec lequel tu m’as aimé soit en eux, et que je sois en eux. » Avez-vous déjà fait vos adieux à un être cher de cette manière ? « Comme je veux être en toi, sois en moi, et que l’amour qui nous unit dépasse notre relation pour que d’autres y aient part » ? Peut-être pas, car pour pouvoir parler ainsi, il faut un degré d’intimité rarement atteint entre les êtres humains. La plupart du temps, nous restons à la surface et nous nous contentons de bons vœux. Nous allons rarement plus loin…

…Je crois vraiment que lorsque nous partageons nos expériences les uns avec les autres, nous pouvons découvrir beaucoup de la réalité de Dieu. Peut-être y a-t-il parmi nous des uns ou des autres qui se connaissent si profondément qu’ils peuvent dire l’un de l’autre : « Comme tu es en moi et moi en toi, ainsi notre amour se répand sur ceux avec qui nous vivons. » Il est vrai que nous vivons les uns des autres ; l’atmosphère qui entoure les amitiés dans lesquelles nous vivons permet aussi aux autres de vivre. « Atmosphère » est d’ailleurs un mot merveilleux. Il existe des atmosphères qui nous abritent, dans lesquelles on peut trouver de l’espace et de l’air pour respirer. Quand on lit et prie les textes de la Pentecôte ces jours-ci (« Veni, Sancte Spiritus », « Veni Creator Spiritus »), on peut presque sentir physiquement le souffle qui résonne dans ces chants (je pense notamment à une mise en musique telle qu’elle est chantée à Taizé). Un esprit agréable, vivifiant, saint parce que guérisseur, c’est ça l’atmosphère de l’accueil….