Sans tomber dans le catastrophisme ambiant ou une vision apocalyptique du nouveau
millénaire, nous devons reconnaître que le monde d’aujourd’hui, si admirable par
certains côtés, est capable d’aller rapidement à sa perte. Et même si nous échappons
à des catastrophes prévisibles, échapperons-nous à une catastrophe spirituelle due à
l’individualisme, à l’hédonisme, au matérialisme desséchant de la société de consommation ?
Même si les corps ne périront pas, les cœurs seront anesthésiés, les âmes détruites :
c’est surtout en ce sens que Jésus nous dit : si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous.
Il y a donc urgence de conversion.
Non pas, une conversion qui, par masochisme, rechercherait les privations les plus
spectaculaires, ou pour me montrer à moi-même de quelle performance spirituelle je suis
capable, ou encore pour améliorer « mon potentiel humain » comme on peut le faire par
la psychanalyse, les stages de méditation transcendantale, ou la nourriture bio et en fin de
compte pour s’enorgueillir devant Dieu et devant les hommes de la nouvelle auréole que je
me serai confectionnée.
Mais au contraire une conversion pour m’arracher à mon nombrilisme, me recentrer sur
Dieu et pour apporter ma part dans la conversion du monde. Solidarité oblige, la conversion
commence à mon propre niveau. Pour changer le monde, je commence d’abord par me
changer.
Dans ce tissu relationnel auquel j’appartiens, le moindre fil cassé peut entraîner l’effilochage du
tout. Si je commence par me réconcilier avec moi-même, je retrouverai la paix dans l’intime de
mon être et je pourrai alors porter cette paix à mon prochain, à mon épouse, à mon mari, à mes
enfants, à mes amis.…